Cobie

Bio

« Je n’ai jamais arrêté de dessiner depuis la maternelle. » Cette simple affirmation émanant de la bouche de Cobie résume une manière d’appréhender le réel à contre-courant de la facilité d’un cogito ergo sum galvaudé. C’est en 2001 que l’animal commence ses collages dans les rues, d’abord de petits autocollants faits maison notamment à propos de 4×4 et de gros zizi, puis avec des affiches plus grandes parmi lesquelles on peut citer les célèbres « Mort aux pandas » et « Oui à la guerre ». Sans craindre de répondre à la question de P. Desproges « Peut-on rire de tout ? » il opte définitivement pour le plus pur style affirmatif.

Ce qui l’anime avant tout c’est de surprendre le passant. Sa plus grande joie est d’imaginer la réaction du badaud qui ne s’attend à rien avant de tomber sur un slogan Dada au détour d’une rue. Ses assertions, toujours rédigées dans une maîtrise parfaite de la langue, couplées avec un humour trash, produisent automatiquement une réaction… qu’il s’agisse d’un éclat de rire ou d’un cri d’effroi, selon le degré d’interprétation et de compréhension.

Ayant découvert la sérigraphie il passe à la vitesse supérieure pour envahir les murs des villes dans lequel il passe. Mais on est sur une invasion de l’espace public qui reste soft. « Par rapport aux panneaux de pub 4-par-3 ou aux arrêts de tram, ce que je fais, même au format A2, c’est tout petit, à peine visible dans la jungle urbaine. Et puis, le choix du collage plutôt que le pochoir ou le graff, c’est dans la même idée de rester éphémère : on peut très facilement décoller ces affiches qui, d’ailleurs, ne restent en moyenne qu’une dizaine de jours visibles après mon passage. »
Dans sa démarche, l’idée n’est pas d’imposer sa présence au passant, ni imposer un propos : « on tombe sur l’affiche, on s’y arrête un court instant, ou pas. On lit la phrase, on rigole, on y cogite deux minutes, ou pas. L’inverse de la pub qui vient t’agresser à chaque coin de rue et qui s’avère beaucoup plus difficile à faire disparaître que mes bêtises… »

Depuis quelques années, tout en continuant ses collages nocturnes, il multiplie les expos, notamment à Spacejunk en 2018, et participe depuis plusieurs éditions au Street art Fest de Grenoble.
En atelier, Cobie touche un peu à toutes les techniques, notamment l’acrylique, en « éternel débutant ». Son univers graphique est souvent à l’opposé de ses affiches très épurées. Inspiré par la BD et la pop culture comme par les vestiges résiduels d’une scolarité classique, l’humour noir y reste bien visible.
En fait ce qui est remarquable chez Cobie c’est cette faculté de se renouveler incessamment à partir d’un procédé qui est toujours le même. Et si l’une des intentions de l’art est d’interpeller l’être humain on peut alors reconnaître que ce trublion est talentueux.